Navigation aérienne

Henry Cavendish en 1766. découvre l'hydrogène et constate que « l'air inflammable » est un gaz 11 à 12 fois moins dense que l'air.

LES BALLONS

Jacques Alexandre César Charles, (1746 - 1823), est un physicien, chimiste et inventeur français. Comme beaucoup de scientifiques de cette époque, Il étudia et expérimenta dans de nombreux domaines. Spécialisé dans les travaux sur les gaz, il étudia tout particulièrement leur densité et leur pouvoir de dilatation. Il confirma le résultat de Henry Cavendish sur l'hydrogène, qui est quatorze fois plus léger que l'air.

Charles savait produire du dihydrogène et expérimentait dans ses cours la force ascensionnelle de ce gaz en l'insufflant dans des bulles de savon. Lorsque la nouvelle de l'expérience d'Annonay des frères Montgolfier se propagea, il savait qu'il pourrait tirer parti de l'hydrogène pour élever des hommes dans l'air.

Jacques Charles fit construire par Anne-Jean et Marie Noël Robert, constructeurs d'appareils de mesure, un ballon fait d'une étoffe de soie imperméabilisée par un vernis à base de caoutchouc. C'était un petit ballon sphérique de 4 mètres de diamètre et d'un volume de 33 m³. À la place de l'air chaud utilisé par les frères Montgolfier, il utilisait de l'hydrogène, beaucoup plus léger que l'air. Il le produisait en grande quantité en versant de l'acide vitriolique (acide sulfurique) sur de la limaille de fer.

Le gonflement du ballon démarra le 24 août 1783 et dura quatre jours. Le 27 août 1783, le ballon s'envola vide du Champ-de-Mars et parcourut seize kilomètres jusqu'à Gonesse.

« Premier voyage aérien exécuté dans un aérostat à gaz hydrogène par Charles et Robert. Le 1er décembre 1783. Départ des Tuileries.

La compétition est lancée entre les frères Montgolfier et Charles, le 21 novembre, le premier vol avec des êtres humains. Une montgolfière décolle avec Jean-François Pilâtre de Rozier et le Marquis d'Arlandes.

Pendant ce temps, Charles et les frères Robert fabriquent un ballon capable de porter deux personnes, soit d'un volume de 380 m³ (2 200 m³ pour la montgolfière). C'est Charles qui conçoit les appareillages qui équipent encore les ballons à gaz d'aujourd'hui : la nacelle en osier, la soupape, le filet et les suspentes, le pilotage au lest.

Le 1er décembre 1783, soit dix jours plus tard, le ballon gonflé à l'hydrogène s'envole avec Charles et Noël Robert dans le jardin des Tuileries. Le ballon vole pendant deux heures et se pose à Nesles après avoir parcouru 35 kilomètres. Le duc de Chartres et le duc de Fitz-James suivent le ballon à cheval et signent le procès-verbal. Noël Robert une fois descendu, le ballon repart avec une vitesse ascensionnelle élevée et monte à une altitude de 3 300 m, mesurée avec précision à l'aide d'un baromètre : Charles avait également inventé l'altimètre. Saisi par le froid glacial, il redescend et atterrit dans la nuit dans les environs de Nesles. Cet exploit vaut à Jacques Charles une grande popularité, mais il ne volera plus.

Dès ce premier vol, le ballon à gaz de Jacques Charles dispose de tous les instruments utilisés jusqu'à nos jours sur ce type de machine (enveloppe vernie, filet, panier en osier, soupape, lest et ancre). Les amélioration qui lui seront apportées par la suite seront mineures : guiderope (inventé par l'anglais Green), panneau de déchirure. Il emmenait également différents instruments scientifiques.

Contrairement à l'invention des frères Montgolfier, très empirique, le ballon de Charles était un outil scientifique qui ne devait rien au hasard.

En 1867, Henri Giffard fait voler un ballon captif de 5 000 m³ dans le cadre de l'exposition universelle, ballon qui terminera tristement sa carrière dans les lignes prussiennes en 1870. Il récidivera en 1878 avec un géant de 25 000 m3.

Pendant le siège de Paris par l'armée prussienne en 1870/71, des ballons à gaz, appelés à l'époque ballon monté car emportant des passagers, ont assuré les communications dans le sens de Paris vers la province avec parfois quelques passagers souhaitant fuir Paris (un de ces passagers fut Léon Gambetta). Dans le sens province vers Paris, il était impossible de faire le trajet en ballon (trop d'incertitude à cause de la non dirigeabilité des ballons), malgré les tentatives des frères Tissandier.

Jean-Pierre François Blanchard, (1753 - 1809) suivant l’exemple des frères Montgolfier qui ont fait voler un ballon avec deux passagers gonflé à l’air chaud l’année précédente, construit un ballon gonflé à l’hydrogène, muni d’une hélice mues à la force des bras. Le 2 mars 1784, la foule rassemblée sur le Champ de Mars à Paris assiste à l’ascension d’un aérostat habité de 27 pieds de diamètre. Le ballon, poussé par le vent, franchit la Seine et revient pour se poser rue de Sèvres.

Il fit sa deuxième ascension à Rouen et sa troisième à Londres en 1784.

Le 7 janvier 1785, Blanchard et son ami et mécène américain John Jeffries traversent la Manche de Douvres à Guînes en 2 heures 25 minutes, à bord d’un ballon gonflé à l’hydrogène. Au cours de cette traversée, Blanchard et son compagnon avaient effectué environ un tiers de la traversée lorsque leur vaisseau se mit à descendre. Après que les deux aérostiers eurent jeté par-dessus bord tout ce dont ils disposaient, le ballon reprit de l’altitude jusqu’aux deux tiers lorsqu'il se remit à descendre. Blanchard et Jeffries durent, cette fois, jeter non seulement l’ancre et les cordages, mais également se déshabiller et jeter par-dessus bord une partie de leurs vêtements. La reprise d’altitude du ballon leur évita d’utiliser leur dernière ressource, qui aurait été de couper la nacelle. Alors qu’ils approchaient du rivage, l’aérostat s’éleva, décrivant un magnifique arc au-dessus de la terre avant d’aller se poser en forêt de Guines.

Cet exploit eut un retentissement dans toute l’Europe et Blanchard se rendit dans de nombreux pays pour effectuer des démonstrations de vol en ballon ainsi que des essais avec des animaux d’un parachute auquel il travaillait.

Le 11 juillet 1785, il effectue sa douxième ascenssion de la Haye. Après avoir heurté une cheminée au départ, ils manquent de tomber dans le Bies-Bosch à six lieues de la ville; Blanchard ouvre alors la soupape et va descendre à cent pas du bord de l'eau, dans une prairie.

La même année 1785, il effectue sa quatorzième ascension à Lille, au cours de laquelle il laisse tomber un chien en parachute, qui ne se fait aucun mal en atterrissant, sa quinzième à Francfort et sa seizième à Gand. Au cours de cette dernière, il courut de grands dangers. Ne pouvant résister à la froide température jusqu’à laquelle son ballon s’était élevé, il le creva, laissa tomber sa nacelle, s’accrocha aux cordes et réussit à atterrir sans se blesser.

Le 9 janvier 1793, il effectue sa quarante cinquième ascension à Philadelphie pour atterrir près de Woodbury (New Jersey). Il réalise ainsi le premier voyage aérien aux États-Unis.

Lors de sa soixante-sixième ascension, le 20 février 1808, au château de Blois, près de La Haye, Blanchard est frappé d’apoplexie et, hors d’état d’entretenir le feu de son fourneau, il tombe de plus de soixante pieds de hauteur. Après avoir reçu de Louis Bonaparte, roi de Hollande, tous les secours qu’exigeait sa position, il est transporté en France. Il meurt un an plus tard à Paris, le 7 mars 1809, probablement des suites de ses blessures.

En 1783, peu après leur invention, les ballons furent utilisés par les armées révolutionnaires pour faire de l’observation (bataille de Fleurus, 1794). Diverses organisations militaires furent mises en place pour l’emploi ou la fabrication de ce nouveau moyen. Octobre 1793, le Comité de Salut Public, convaincu de l’intérêt des ballons d’observation, ordonne la construction d’un ballon neuf «aisément utilisable en campagne et capable d’emporter deux observateurs».

Un groupe des meilleurs savants de l’époque est chargé de diriger ces travaux dans l’ancien domaine royal de Meudon, transformé, pour l’occasion, en camp retranché.Le physicien Coutelle doit procéder à cette fabrication et appelle auprès de lui Nicolas Jacques Conté, autre physicien et artiste. Ce dernier est désigné pour prendre la direction des opérations au Château de Meudon, qui devient ainsi un centre destiné à la fabrication d’aérostats et de formation de pilote.

En quatre mois, le premier aérostat militaire, l’Entreprenant, est construit. (enveloppe de soie recouverte d’un vernis, d’une capacité de 523 m3, nacelle pour emporter deux officiers). Conté a laissé le témoignage des différentes phases de la construction de ce ballon dans un album aux magnifiques aquarelles.

Le 2 avril 1794, création de la première compagnie d’aérostier, placée sous le commandement de Coutelle, et une deuxième compagnie est créée le 23 juin de la même année, devant les succès remportés lors des ascensions.

Afin d’instruire rapidement les hommes nécessaires au service de ces nouveaux aérostats, le Comité de Salut Public prévoit leur formation. Le 31 octobre 1794, l’Ecole Nationale d’Aérostation, sous la direction de Nicolas Conté, est établie à construction de ballons d’observation est poursuivie à Meudon : après l’Entreprenant, il y aura le Vétéran, le Précurseur, le Svelte, le Télémaque, l’Hercule, l’Intrépide, tous sont des ballons sphériques de plus de 10 mètres de diamètre.

En 1798, sur l’insistance de Conté et Coutelle, le général Bonaparte envoie une compagnie d’aérostiers en Egypte. Hélas, tout le matériel disparaît avec le vaisseau « le Patriote » coulé par les Britanniques à Aboukir. Au retour de campagne, les deux compagnies sont définitivement supprimées le 28 janvier 1799.

LES MONTGOLFIÈRES

Joseph-Michel Montgolfier, (1740-1810) et son frère cadet Jacques-Étienne Montgolfier, (1745-1799), sont des industriels et inventeurs français.

Ayant lu l'ouvrage de Joseph Priestley qui réussit à isoler et à décrire l'existence de plusieurs gaz "nouveaux", ils ont l'idée de tenter de s'élever dans l'atmosphère en renfermant dans une enveloppe d'un poids minimum, un gaz plus léger que l'air, ils utilisent ainsi la force ascensionnelle de l'air chaud emmagasiné dans cette enveloppe.

On dit que Joseph fit une première expérience réussie, en novembre 1782, à Avignon, avec un parallélépipède de papier de soie jeté dans la cheminée, il s'aperçoit que ce dernier est aspiré. il va très vite se rendre compte que c'est le fait de la dilatation de l'air sous l'effet de la chaleur.

Un premier essai a lieu à Vidalon-lès-Annonay le 14 décembre 1782, à l'aide d'un ballon confectionné avec une sphère de 3 m3, faite de pièce de soie, gonflée d’air chaud obtenue en brûlant un mélange de paille mouillée et de laine cardée. C'est la première "montgolfière".

Le 25 avril 1783, les deux frères procèdent à un deuxième essai privé et réussissent à faire élever un ballon plus grand : fait de papier d'emballage en triple épaisseur, dont les fuseaux sont réunis par des boutons, une douzaine de mètres de diamètre, un poids du ballon de 225 kg pour 800 m³. Le ballon est lâché, il monte à une hauteur estimée de 400 mètres Pierre Montgolfier encourage ses deux fils à dévoiler leur découverte en public.

La première expérience publique, officielle, de Joseph et étienne a lieu, le 4 juin 1783, devant les membres des états du Vivarais. Ils font voler un "globe", en papier et sans nacelle, à air, chaud au-dessus de leur ville. Un ballon de 454 kg, douze mètres de diamètre, de 770 m3, constitué de fuseaux de papier reliés entre eux par des boutonnières, l'ensemble est fixé, à la base, autour d'un châssis circulaire. Il s'élève à mille mètres environ, pendant dix minutes, et parcourt 2,5 kilomètres grâce à l'air chauffé avec de la paille enflammée.

Les députés firent un rapport pour l'Académie des sciences de Paris. Les deux frères songent à se faire connaître à Versailles pour obtenir du financement. Tous leurs essais avaient été payés jusqu'alors avec leurs propres fonds.

Cette démonstration eut un retentissement considérable. La montgolfière était née et chaque année au printemps la cité d'Annonay fête ses enfants prodigues.

Vidalon 4 juin 1783

L'Académie des Sciences est vivement intéressée, et Louis XVI demande à voir un ballon s'envoler.

La même année 1783, l'Académie des sciences forma une commission pour réaliser une démonstration à Paris en participant aux frais. C'est étienne seul qui se rend à l'invitation.

Joseph et étienne après avoir hésité à réemployer le ballon d'Annonay, décident de construire pour cette expérience un nouveau ballon d'une plus grande taille, un volume de 1 000 m³ environ et 450 kg. Le textile de base de l'enveloppe fut encore de la toile de coton encollée sur ses deux faces avec du papier. Il est formé de 24 fuseaux, ce qui lui donne une allure biconique assez allongée de 24 mètres de haut.

Il fallut deux mois pour assembler le ballon cousu à la main.

Le premier essai captif a lieu le 11 septembre 1783 La Commission académique vint assister le lendemain à une deuxième expérience toujours avec le ballon captif. L'enveloppe détrempée à cause de la pluie de la veille se déchire. La commission ne considère pas que ce soit un échec et fixe la démonstration devant le roi au 19 septembre, soit une semaine après.

Versailles devant le roi 19 septembre 1783

Le ballon n'est malheureusement pas réutilisable. Un nouveau ballon est reconstruit en 5 jours. Et celui-ci fait 1400 m³, il est néanmoins moins haut, 19 m, grand comme une maison de six étages, moins lourd, 400 kg et un peu plus sphérique. Il est essayé en vol captif le 18 septembre.

Le ballon de toile bleu et jaune, "Le Martial" est orné du chiffre de Sa Majesté. La forme est très étrange, la partie moyenne est prismatique; son sommet est une pyramide et la partie inférieure en forme de cône tronqué. La famille royale visite cette sorte de tente à la Turque, Louis XVI se fait expliquer le dispositif : un immense réchaud alimenté par un feu de paille produit l'air chaud destiné à propulser le ballon.

L'expérience est donc répétée à nouveau près de Versailles le 19 septembre 1783, devant le roi Louis XVI et la cour.

Le ballon, auquel est suspendu un panier en osier emporte avec lui les trois premiers passagers de l'espace : un mouton, un coq et un canard. Il monte à une hauteur estimée de 480 mètres et parcourt 3,5 kilomètres, en 8 minutes pour se poser dans le bois de Vaucresson. Tous supporteront le voyage. A son retour le mouton est placé dans la ménagerie de la reine.

Vol habité le 19 octobre 1783

Étienne se met donc à dessiner un nouveau ballon, d'une taille permettant d'emporter deux personnes. Il faut également un autre système qu'un panier fermé accroché par une corde et il pense à une plate-forme circulaire encerclant le foyer.

Inspiré du ballon précédent, l'aérostat a une forme ovoïde, 13 mètres de diamètre, 21 mètres de haut pour un volume de 2 200 m³ et une masse de 500 kg. Il fut également décoré du chiffre du roi sur fond bleu, plus des signes du zodiaque, des fleurs de lys, etc. Il est terminé dans les environs du 8 octobre.

Le 12 octobre, les essais captifs ont commencé. Ils se font dans les jardins de M. de Réveillon, ce qui fait que la machine est nommée « Le Réveillon ». Malgré l'interdiction de son père, étienne fait son baptême de l'air à cette date. Apparemment c'est la seule fois qu'il vola.

Vol captif 19 octobre 1783

Jean-François Pilâtre de Rozier fut choisi pour les essais suivants, le 15 octobre (montée à 26 mètres, durée 4 minutes et 25 secondes) et le 17 octobre. La méthode de chauffage change, la paille sèche est utilisée qui produit moins de fumée mais est plus efficace. Pilâtre commence à bien manier le ballon, maniement qui consiste à alimenter le feu du foyer avec de la paille pour contrôler la montée ou la descente du ballon.

Le 19 octobre 1783 a lieu le premier vol habité à la "Folie Titon", à la manufacture royale des papiers peints, dans l'actuelle rue de Montreuil à Paris, alors bourg de Saint-Antoine. Le premier vol s'élève à 81 m, avec Pilâtre seul, et le deuxième à 105 m, avec deux passagers : Pilâtre et Giroud de Villette (durée 9 mn). Ces deux vols eurent lieu en captif.

Il faut un équipier, après l'essai d'André Giroud de Villette, c'est François Laurent Marquis d'Arlandes qui sera choisi.

Tout est prêt, mais il manque l'autorisation du Roi.

Le 21 novembre 1783, Jean-François Pilâtre de Rosier et le marquis d'Arlandes firent un second vol, qui fut commémoré plus officiellement comme étant le premier. Ils s'élèvent au dessus du sol, à bord d'une montgolfière de 2 200 m3 et 850 kg. Devant trois cents personnes, ils partent du parc du château de la Muette à Paris : "A une heure cinquante quatre de l'après midi, l'aérostat quitta l'esplanade pour monter à 85 mètres où les deux aérostiers saluèrent la foule médusée. Poussé par des vents rapides du nord-ouest, le ballon survola Paris pour finir sa course à 12 kilomètres du château de la Muette, soit après 25 minutes de vol», et se posent à la Butte aux Cailles (aujourd'hui Place Verlaine), près de la porte d'Italie, distante de 9 kilomètres environ.

21 novembre 1783 Survol de Paris

Ce sont les premiers humains, voyageurs aériens au monde. Cette découverte excita un enthousiasme universel. Le père des deux inventeurs fut anobli. Joseph Montgolfier effectuera une ascension un peu plus tard.

Le 10 décembre 1783, Joseph et étienne furent nommés membres correspondants de l'Académie des sciences à titre exceptionnel. Le père Pierre reçut des titres de noblesse et sa papeterie devint Manufacture royale, le 15 avril 1784. Les deux frères eurent donc le titre de chevalier, leur devise étant "sic itur ad astra", "Nous irons ainsi jusqu'aux astres".

21 novembre 1783 Château de la Muette

Après la démonstration de septembre 1783 à Versailles, Joseph de Montgolfier fabrique le "Flesselles", un ballon géant de quarante deux mètres de hauteur et trente-quatre mètres de diamètre, équipé d’une galerie pour accueillir des passagers. C’est à bord de cet engin, piloté par Pilâtre de Rozier, qu’il embarque avec cinq autres personnes le 19 janvier 1784 à Lyon, et expérimente lui-même son invention au cours de ce qui restera son seul vol.

De nombreux voyages et expériences eurent lieu dans les années qui suivirent. Le 19 Janvier 1784, "Le Flesselles", la plus grosse montgolfière jamais construite à l'époque puisqu'elle atteignait 42 mètres de haut pour un diamètre de 24 mètres avec un volume de 27 000 mètres cubes emmenait, piloté par Pilâtre et six passagers dans sa galerie, dont Joseph de Montgolfier, pour ce qui restera son seul vol.

Le ballon sera utilisé à des fins militaires dès 1794, mais abandonné par Napoléon.

Lyon 19 janvier 1784 (Joseph Montgolfier et Pilâtre de Rozier)

L'aérostat garde, sa place dans l'histoire du vol, car son histoire est l'aventure humaine aux préludes d'exploits plus complexes.

LE PARACHUTE.

André-Jacques Garnerin, (1769 − 1823), Pendant la Révolution française, il occupe le poste d' « aérostatier des fêtes publiques ». Il s'occupe de l'ascension des montgolfières.

Il effectue le premier saut en parachute de l'histoire le 22 octobre 1797 en s'élançant d'un ballon à Paris au parc Monceau. Il atterrit sans dommage devant une foule admirative qui pensait le voir perdre la vie.

Le 12 octobre 1799, son élève et future épouse, Jeanne Geneviève Labrosse, est la première femme à sauter en parachute. Le 11 octobre 1802, elle dépose au nom de son mari un brevet sur l' « appareil dit parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d'un ballon après l'explosion de celui−ci. Ses organes essentiels sont une calotte d'étoffe supportant la nacelle et un cercle de bois qui se trouve en dessous et à l'extérieur du parachute et servant à le tenir un peu ouvert lors de l'ascension : il doit faciliter son développement au moment de la séparation avec le ballon, en y maintenant une colonne d'air. »

BALLON DIRIGEABLE

Dès les premiers ballons en 1783, l'idée de dirigeable fait son chemin. Il apparaît clairement, par nature même, que le défaut majeur de ces ballons réside dans leur incapacité à se diriger. Sous l'égide des frères Robert, la forme du ballon s'allonge.

Jean-Baptiste Marie Meusnier de La Place (1754 – 1793), dès 1783, imagine les organes de direction et expose dans ses travaux, qui sont à la base de l'aérostation actuelle, les conditions d'équilibre d'un aérostat dirigeable de forme ellipsoïdale, muni d'un gouvernail. Le projet ne vit cependant jamais le jour du fait de la mort prématurée de son inventeur et de l'absence de moteur à cette époque.

Sir George Cayley (1773 - 1857) après avoir clairement exposé le principe de l'aéronautique, envisage l'emploi, en 1816, du dirigeable pour la grande navigation et prévoit la réalisation des dirigeables rigides mus par un propulseur fonctionnant à la vapeur.

Pierre Jullien, horloger de son état, parvient à faire voler deux modèles réduits actionnés par mouvement d'horlogerie sur la piste de l'hippodrome de Paris. En 1852, il construit un ballon pisciforme baptisé « Précurseur » qui ne vola jamais, mais comportait la configuration requise pour soutenir un vol. Il était en effet équipé de gouvernails de direction et de profondeur à la poupe.

Henri Giffard (1825-1882) Ingénieur et aéronaute français, dès 1849 fabrique des moteurs à vapeur à haut rendement. Il dépose le 20 août 1851 un brevet (no 12 226) sur l’application de la vapeur à la navigation aérienne, en collaboration avec l’école Centrale.

Contrairement à la tendance de l’époque qui était d’utiliser le gaz de ville (plus facile à obtenir), il préfère miser sur l’hydrogène (meilleur porteur) dont il perfectionne les procédés de fabrication. Parallèlement au ballon captif, la machine servant à produire le gaz permettait de gonfler de nombreux ballons libres

En 1851, Il teste son ballon allongé. Le 24 septembre 1852, il fait le premier vol dans un dirigeable de 2 500 m3, propulsé par une hélice mue par un moteur à vapeur de 3 chevaux voyageant 27 km de Paris à Trappes Trappes en 3 heures (voir illustration. Il finance ses recherches grâce à ses inventions et à ses ballons captifs destinés à divertir le public (Napoléon III figura parmi ses passagers)

Pour l’Exposition universelle de 1867, il construit un ballon à Hydrogène de 5 000 m3, situé Avenue de Suffrenne, actionné pour la première fois par un treuil à vapeur.

Pour l’exposition universelle de Paris de 1878, Il construit un ballon captif de 25 000 m3 capable d’emporter 40 passagers. Ce ballon, situé aux Tuileries, sera l’une des principales attractions de l’exposition. On a dit qu’il fit voler en deux mois autant de personnes que depuis le début de l’aérostation, soit un siècle environ. Une dizaine d’ascensions par jour emmenaient les passagers jusqu’à plus de 500 mètres.

Ne s’accommodant pas de sa cécité naissante, il s’est suicidé en avril 1882, léguant son patrimoine à la nation pour qu’il serve aux pauvres et à des buts scientifiques et humanitaires. Il fut le mécène de nombreux aéronautes.

Colonel Renard (1847-1905) reprend les travaux sur les dirigeables en s’inspirant des ballons de Giffard, Dupuy de Lôme et des Frères Tissandier. Il dessine les plans d’un nouvel appareil et s’associe avec un ingénieur de génie, le capitaine Krebs, qui met au point un moteur électrique léger et puissant (8cv), permettant au dirigeable de remonter au vent.

Le 9 août 1884, Renard et Krebs s’envolent à bord du dirigeable « La France » et effectuent le premier vol en circuit fermé du monde. Partis de Chalais, ils virent au dessus de Villacoublay et se posent à l’endroit exact de leur départ après 7.6 Km d’un parcours effectué en 23 mn. C’est un succès total !

La description exacte de l'expérience du 9 août fut publiée, dès le lendemain, dans le Moniteur universel. Voici comment ce voyage était raconté dans ce journal :

"Hier samedi, 9 août 1884, un aérostat ayant la forme d'un cigare très allongé, muni d'une hélice et d'un gouvernail et mis en mouvement par un moteur mystérieux, d'une puissance étonnante, eu égard à sa légèreté, s'est élevé majestueusement des ateliers d'aérostation de Meudon... Il fallait aux aéronautes une grande audace et une prodigieuse confiance dans leur appareil ... Enfin, après vingt-cinq minutes de voyage, il atteignit exactement son point de départ et descendit, après une série de manoeuvres habiles, dans la pelouse même d'où il s'était élevé....la route de l'air est ouverte !

AÉROPLANE

Otto Lilienthal (1848-1896) fut un pionnier allemand de l'aéronautique. Il appliqua ses études théoriques sur le vol des oiseaux et l'aérodynamique à la construction et au vol expérimental

Ses recherches sur la forme des ailes lui permirent de démontrer scientifiquement les capacités de portance de l'extrados de l'aile. Sujet qu’il développa dans son ouvrage (Le vol de l'oiseau, bases de l'art du vol) paru en 1889 à Berlin.

Ses expériences sur la stabilité, la portance et la timonerie eurent une grande influence sur les aviateurs ultérieurs tels les frères Wright.

Il effectua entre 1891 et 1896 deux mille vols planés attestés depuis une colline artificielle à proximité de Berlin. Il construisit 16 machines, à faible allongement, qui étaient plus proches des deltaplanes pendulaires de notre époque que du planeur de performance. La voilure des planeurs était réalisée à partir d'une structure en bois de saule entoilée de coton. La surface portante variait de 10 à 20 m2. En se lançant du haut d'une colline haute d'environ vingt mètres, il pouvait planer jusqu'à 300 mètres dans les meilleures conditions. Le contrôle de la machine se faisait par des déplacements du corps comme pour les deltaplanes pendulaires contemporains.

Sous l'effet d'une rafale, il fit une chute fatale le 9 août 1896.

Sir George Cayley ( 1773-1857) Inventeur anglais fut le premier à décrire les forces de portance et de traînée sur un à profil d'aile. Il fut aussi le premier à reconnaître l'importance de la poussée et du contrôle et à prévoir l'utilisation de moteurs à combustion interne pour propulser les aéroplanes. Il fut le premier à décrire les forces mises en oeuvre lors d'un vol, le premier à concevoir un engin pourvu d'ailes, d'un empennage et d'autres caractéristiques des avions modernes.

Cayley passa des années à bricoler des modèles réduits, à observer les oiseaux et à faire des calculs. Son planeur à ailes de cerf-volant (1804) fut la première maquette d'avion du monde à voler.

Environ 50 ans plus tard, son appareil grandeur nature fut le premier planeur à voler.

Le père de l'aérodynamique fut un aristocrate anglais un peu excentrique qui, après avoir dessiné des planeurs pendant 50 ans, vit son rêve se réaliser en 1853.

Sir George Cayley avait 80 ans quand il persuada son cocher de monter dans un planeur en forme de baignoire qu'il lança du haut d'une colline. Ce serviteur anonyme, premier pilote de planeur au monde, démissionna aussitôt après cette expérience.

Samuel P. Langley ( 1834-1906 )savant et inventeur américains ( 1834-1906 ), pionnier de l'aviation. Astrophysicien éminent et secrétaire de la Smithsonian Institution en 1887, il commença à peu près à la même époque, à expérimenter le vol "mécanique".

Il construisit lui-même son avion "aérodrome" avec lequel il obtint un certain succès. Le 6 mai 1896, il présente son appareil de 4,10m d'envergure, d'un poids d'environ 145 kg, à deux voilures en tandem, propulsé par deux hélices placées entre les plans de voilure et actionnées par un moteur à vapeur de 1ch. Il effectua un vol (sans pilote) de plus d'une minute et se posa sans dégâts, à tel point que l'expérience put être réitérée à diverses reprises, sous les yeux d'un autre savant de l'époque, Graham Bell, l'inventeur du téléphone et qui ne tarira pas d'éloges en narrant cet exploit.

En 1898, les Etats-Unis en guerre contre les Espagnols Le Congrès octroyèrent 50 000 $ à Langley afin qu'il construise un aéroplane à moteur contrôlable. Samuel Langley se heurtait aux mêmes difficultés que la plupart de ses rivaux: la difficulté à se procurer un moteur suffisamment puissant et léger. Il fit appel à l'ingénieur Charles Manly qui conçut un moteur en étoile de 52 ch pesant 155 kg, performance peu commune à l'époque

Le 7 octobre 1903, l'appareil était prêt pour un essai en vol avec pilote. De construction soignée, l'aéroplane de Langley était semblable dans ses grandes lignes aux modèles précédents: deux ailes en tandem qui encadraient les deux hélices actionnées par le moteur placé en position centrale. Manly installé à bord, l'aéroplane fut catapulté, mais piqua rapidement dans le fleuve, sans grand dommage pour le pilote et pour sa machine. L'accident fut attribué à un accrochage de hauban de l'appareil à un des apparaux de la plate-forme flottante

Langley décida de recommencer son expérience le 8 décembre 1903. Cette fois, dès le lancement, la machine se dressa verticalement, les plans arrière se disloquèrent et l'appareil plongea dans le fleuve, la structure n'ayant pas résisté aux efforts du décollage et à la puissance du moteur. L'appareil était désormais irrécupérable et les fonds complètement épuisés.

Il est certain que Samuel Langley joua un rôle important dans l'histoire de l'aviation aux Etats-Unis. Toutefois il convient de rappeler qu'à l'opposé des frères Wright, il s'était énormément investi dans la question de la motorisation, sans guère se préoccuper des questions de pilotage. Même si "l'aérodrome" avait volé, il eût été ingouvernable.

Samuel Langley ne se remit pas de son échec et mourut découragé le 28 février 1906.La gloire, il y accédera à titre posthume, lorsqu'en 1917, les Etats-Unis donneront son nom à l'une des bases aériennes les plus prestigieuses du territoire américain, celle qui deviendra le centre d'essais

Octave Chanute (1832-1910) .entreprend , en 1896, avec Augustus Herring et William Avery la construction d’un planeur inspiré de ceux d’Otto Lilienthal. S’estimant trop âgé pour expérimenter lui-même, il engage trois jeunes aides. En juin, partant du haut des collines de sable qui bordent le lac Michigan, près de Chicago, ils testent plusieurs modèles de planeurs et, le 4 juillet, arrivent à parcourir une trentaine de mètres. Plusieurs centaines de glissades sont effectuées en 1896 et 1897 sans aucun accident. Le plus long parcours est de 109 m avec un angle de chute de 10 degrés.

Octave Chanute fut un lien important entre les pionniers américains (en particulier les frères Wright, qui ont échangé des courriers avec lui) et les Européens (Ferber, Santos-Dumont etc.). En 1903, il vint en France présenter l'état de ses travaux devant la commission internationale aéronautique et l'Aéro-club de France et en profita pour rencontrer Ferber à Nice.