Exposition universelle de 1900

Porte monumentale

En 1900, Paris est une métropole moderne, avec un réseau de transport dense, des chaussées et des trottoirs en bon état, un mobilier urbain diversifié et un éclairage public électrique et à gaz efficace. Les travaux d'Haussmann se sont achevés en 1895 et ont donné à Paris un nouveau visage, la ville est désormais parcourue de larges voies.

On y recense 250 000 véhicules, dont 165 000 bicyclettes, 14 000 fiacres, 50 000 automobiles et 10 000 voitures à bras. Les Parisiens peuvent emprunter le métropolitain.

En France les bureaux de poste assurent la distribution du courrier par des facteurs. A Paris ils possèdent en plus un service de courrier pneumatique urbain qui ne dépasse pas les limites de la ville. Ce service fonctionne .depuis 1er mai 1879. Il consiste en un ensemble de tubes reliés les uns aux autres, chaque bureau pouvait envoyer des curseurs contenant des correspondances au bureau destinataire. Les curseurs étaient propulsés par. L'air comprimé.

Depuis le 1er Septembre 1889, l'état l'exploite le réseau téléphonique sur lequel à partir de centraux des téléphonistes relient manuellement les abonnées entre eux.

Paris dominé par la tour Effel, accueilli les visiteurs arrivés par les gares, terminus des lignes de chemin de fer de France et d'Europe.

L'exposition ouvre ses portes le 5 mai et les fermera le 31 octobre suivant.

Le voyageur qui vient de la place de la Concorde est stupéfait en arrivant devant la Porte monumentale. Un grand arc se dresse devant lui, avec au sommet, La Parisienne, une sculpture de 6 mètres. Deux minarets sont érigés de part et d'autre de cet édifice qui le soir s'embrase sous le charme de la Fée Electricité.

Du pont Alexandre III, nouvellement construit, jusqu'à la tour Effel, le long de la rue des Nations s'élèvent les Palais des pays étrangers plus de quarante sont représentés. Chacun dans son style y rivalise d'ingéniosités pour mettre en valeur son savoir-faire et ses richesses artistiques, économiques, techniques et agricoles. Afin que les visiteurs accèdent, sans fatigue, à ces Palais on a construit, sur 3370 m, : un chemin de fer électrique et un trottoir roulant, sur deux voies de circulation parallèles fonctionnant en sens inverse et établies sur un viaduc à 7 mètres au dessus du sol.

Les 108 hectares de l'exposition s'étirent, au centre de Paris, le long de la Seine, entre le pont de la Concorde et le pont d'Iéna, avec à une extrémité la tour Eiffel, et à l'autre le Champs de Mars. Une annexe est installée sur 110 hectares à Vincennes

Un emplacement d'une douzaine d'hectares sur le versant de la colline du Trocadéro est réservé aux colonies tant françaises qu'étrangères. Pour retenir les visiteurs en soirées, des fêtes coloniales avec défilés nocturnes sont organisés.

Le Palais de L'électricité, construit sur l'esplanade des Invalides, est un édifice de métal et de glace. Au sommet trône une lampe à arc et une gigantesque sculpture représentant le triomphe de l'électricité. Au pied de ce monument un Château d'eau déroule ses vasques où se baignent sirènes et dieux marins. Le soir, 5000 lampes à incandescence, rouges, bleues et blanches embrasent l'ensemble. Au fronton se détache en lettres de lumière : 1900. La cascade qui consomme 100.000 litres d'eau par minute est éclairée par 1500 lampes

Le Palais de L'électricité est en réalité le centre énergétique de l'exposition. Il comprend 35 puissantes dynamos délivrant 38000Kw/h, alimentées par des machines à vapeur de 12000 chevaux dont les foyers des chaudières consomment 200.000 kilogrammes de houille par heure et crachent leurs fumées par deux cheminées monumentales de 80 mètres de haut. Une salle de contrôle distribue l'électricité à travers toute l'exposition. Tout près de cette salle, une autre plus petite est consacrée aux nouveaux rayons X. C'est curieux on voit les os de sa main.

Dans la Galerie des machines, on peut voir les films des frères Lumière projetés sur des écrans géants.

Dans une autre salle, il y a un nouvel appareil qui, sur un fil d'acier, enregistre et restitue la voix, le télégraphone (le premier répondeur téléphonique). Louis Gaumont y présente de son coté des phonoscènes avec un appareil de projection et un phonographe, synchronisés mécaniquement (le film est projeté en même temps que tourne le cylindre du phonographe).

Dans la section automobile, plus de 200 modèles sont exposés : des Peugeot, des Mors dont son t affichés les succès de la marque dans différentes courses, des Panhard & Levassor, des Renault, des Benz. De nombreuses voitures sont équipées de pneumatiques

Dans la section de l'industrie lourde est présenté un pont roulant de fabrication allemande de dimension impressionnante.

Certains industriels ont leur pavillons (Lefèvre Utile) ou leur kiosque (Pernod)

Dans le pavillon du Creusot l'entreprise Schneider expose sa technologie de l'acier, un moteur électrique de 17.000 chevaux, une locomotive électrique de 50 tonnes, et diverse types de dynamo, des canons gigantesques et diverses sortes de projectiles.

Le Palais de l'optique présente une lunette astronomique de 60 mètre, un miroir de 1,25 m et un sidérostat de 2 m de diamètre, d'un poids de 7 tonnes pour une image grossie 10000 fois. Des projections stellaires sont réalisées sur un écran de 144 m2.

Palais de l'éducation, des beaux arts, des armées de terre et de mer, des industries, de l'agriculture, etc.

En flânant entre les stands des nouveautés sautent aux yeux : les télégraphes, les téléphones, la photographie en noir et blanc et en couleur, les phonographes à cylindres ou à disques plats, des machines à écrire, des fers à repasser, des machines à coudre, d'autre à laver le linge, des stylos à réservoir, etc.

Les visiteurs assistent également aux démonstrations de Poulsen, dont le télégraphone, inventé en 1898, permet les premiers enregistrements magnétiques sur fil d'acier. L'appareil de Poulsen préfigurait ainsi le magnétophone

À la gravure sur un cylindre de cire, on va substituer la photographie des sons sur pellicule, photographie convertible ultérieurement en ondes acoustiques. Le procédé de Poulsen sera exploité en association avec Gaumont, au sein de la Société française des films parlants. On doit aussi à Poulsen un émetteur à arc (1903) capable de produire des ondes électromagnétiques entretenues et utilisé par la télégraphie sans fil.

De nombreuses attractions permettent aux visiteurs de se divertir : la Grande roue de 100 mètres peut élever 1200 personnes à la fois. L'aquarium, le plus vate du monde, renferme de nombreux spécimens de poissons et de végétaux dans une cuve de 38 m de long sur 18 m de large et 6,5 m de haut.

Le Palais des fêtes pouvant contenir plus de 15000 spectateurs propose du théâtre, des ballets. Le Cinéorama, projette des vues des capitales européennes et propose de grandes fresques panoramiques de tous les continents. Un maréorama offre même l'illusion d'un voyage maritime avec roulis et tangages, Il y a aussi le palais de l'illusion, des manèges. Les tavernes, les limonadiers, les restaurateurs sont nombreux dans l'enceinte de l'Exposition

Dans le prolongement du cours le Reine, après la place d'Alma, sur une surface de 6000 m2 se présente une reconstitution du vieux Paris (XVIIIe siècle)

Une nouvelle attraction est née le 14 juillet avec l'ouverture de la ligne du métropolitain Vincenne-Maillot.

Il est difficile d'énumérer toutes les nouveautés présentent sur l'exposition. D'autres sont encore en gestation. Il faudra attende par exemple, le 17 décembre 1903, pour voir Orville Wright expérimenter son avion dans les dunes de Kitty Hawk. Il y volera sur trente-neuf mètres pendant douze secondes. Ce vol sera généralement considéré par le peuple américain comme le premier vol motorisé et contrôlé d'un plus lourd que l'air.

La télévision fut évoquée lors du Congrès international d'électricité qui s'est tenu, dans le cadre de l'Exposition universelle de Paris, du 18 au 25 août 1900. Mais sa réalisation demandera plusieurs décennies

Si cette manifestation fut une vaste vitrine, brillamment éclairée par la fée électricité, où la France et les pays étrangers présentèrent leurs réalisations intellectuelles, artistiques, techniques, industrielles et agricoles.

Elle fut aussi le bouillon de culture dans lequel germeront les progrès réalisés au cours du XX ème siècle.

Ces progrès seront l'œuvre des nouvelles générations d'ingénieurs qui développeront ces embryons pour en faire les objets du XXI ème siècle.