Généalogie panoramique
BERTOIS
Robert
LIEU
Département
Né le : 22.06.1919 Condé sur Risle 27
Décédé le 13.04.1995 Corneville sur Risle 27
Marié le 25.03.1948 Corneville sur Risle
QUESNEY
Madelaine
   
Née le 11.04.1924 Pont Audemer 27
Décédée le 05.01.1995 Corneville sur Risle 27
Tableau N° 11-a Fiche N° 332-a Parents N°  

Si un N° est affiché, cliquez dessus pour accéder au tableau où figure les parents du conjoint ou de la conjointe

Si l’histoire familiale n’est pas présente consultez celle du couple ancêtre en tête du tableau.

L’histoire familiale d’un couple sur font bleu avec (suite XX-x) est reportée sur la fiche du couple ancêtre du tableau concerné.



Histoire Familiale

 

Robert COLIN
 
Robert, en août 1914, venait d'avoir 20 ans. Il fut mobilisé dès le 3 septembre. Je résume, ci-après, son journal intitulé “Ma Campagne 1914-1915” :
« Le 3 septembre, je pars de Corneville-sur-Risle où habitent mes parents et me rends à la caserne de Bernay. Le 12 novembre, nous partons pour le front. Le 13, nous arrivons à Muizon (Marne) à midi. Nous déjeunons sous la pluie, au son du canon. A 21 heures, en rentrant dans Cormicy en ruine, nous sommes salués par un obus.
Du 14 au 18, nous restons au repos dans ce village mais, pour nous mettre à l'abri des obus qui ytombaient, le matin, nous partions nous cacher dans un bois et nous rentrions le soir.
Le 19, nous sommes incorporés dans les compagnies qui occupaient les tranchées de 3ème ligne. Jusqu'au 24, ce quasi repos nous permet quelques promenades à Hermonville.
Le 25 Novembre, nous partons pour les tranchées de première ligne à Sapigneul, à 150 mètres des boches. Les jours suivants, je vois les premiers cadavres restés des derniers combats : environ 200, tant des Français que des Allemands. Les obus pleuvent toujours. Un bleu m’avoue s’être tiré volontairement une balle dans la main pour être évacué.
Le 29, nous sommes relevés. Nous retournons à Cormicy, où nous logeons dans une grange. Nous nous nettoyons, nous mangeons chaud, j'écris. Le soir, des chanteurs nous donnent us spectacle. J'oublie presque la guerre, alors que l'ennemi n'est qu'à 2 kilomètres. Le lendemain, je reçois une lettre. Le soir du 1er décembre, nous assistons à un nouveau spectacle de chansons.
Le 2 décembre, nous partons en 3ème ligne, dans un bois. Nous apprenons qu’un obus est tombé tout près de la grange où nous étions la veille et a tué 4 cuisiniers. Le 5, à 3 heures du matin, nous remontons en première ligne, à Sapigneul. Les trois jours qui suivent sont pénibles, surtout les heures de garde dans le vent et sous la pluie.
Le 8, nous retournons en 2ème ligne à Cormicy. Jusqu'au 10, nous passons le jour dans la grange et la nuit dans les tranchées.
Le 11, nous partons en repos, en 3ème ligne, un peu au-delà de Cormicy.
Le 14 décembre, nous remontons en 1ère ligne, à Sapigneul. Au moment de la soupe, une mitrailleuse ennemie tue 8 des nôtres de la 10ème Compagnie et en blesse 4. Le lendemain, un réserviste est tué et un bleu a la visière de son képi coupée par une balle. Les obus tombent fréquemment pas loin des tranchées.
Le 17, nous passons en 2ème ligne, à Cormicy, où les maisons sont en ruines et le clocher en partie effondré. Nous yresterons sept jours, au cours desquels nous sommes de corvée pourdéblayer les rues. Un lieutenant est tué par un éclat d'obus à 50 mètres de notre cantonnement. Entre temps, j'ai eu la joie de bavarder avec mon cousin, Fernand VAAST (2C8F, page 41).
Le 24, pour répondre à une attaque des boches, nous partons renforcer nos lignes. Arrivés sur le front à une heure du matin, l'attaque est terminée. Quelques copains de la classe 14 ont été blessés, deux ont été tués. Nous restons deux jours sur place. Le 28, nous retournons en 3ème ligne, à la Chapelle. Nous y passons les fêtes du jour de l'an, avec un ordinaire amélioré : vin, champagne, pommes, noix…
Le 2 janvier 1915, nous passons en 2ème ligne, à Cormicy. Le 5, nous remontons au front, à Sapigneul. Le 21, à Berry-au-Bac, nous faisons 60 prisonniers allemands que notre section conduit à Chalon-le-Verger. Du 22 au 31, nous alternons des séjours à Cormicy, Sapigneul et La Chapelle.
Le 1er février, nous arrivons à Berry-au-Bac, pays complètement détruit. Tout est en ruines et les Allemands bombardent toujours. Dansl'après-midi, mon sac posésur le toit du gourbi est transpercé par un éclat et le linge qu'il contient est abîmé. Le 7, je suis nommé caporal fourrier et rentre en fonction : Travail de bureau.
Sur le front, la 2ème Compagnie s'empare d'une tranchée à la cote 108, pendant que les 5ème, 39ème et 148ème Régiments progressent légèrement du côté de Loivre.
Depuis le 16, nous sommes prêts à toute éventualité. Les boches tirent et les balles sifflent en quantité au-dessus de nos têtes, de même que les obus. Après le 18 février, un calme relatif règne sur le secteur, je travaille dans un bureau installé dans une cave.
Le 3 Mars, nous quittons Berry-au-Ba ; nous passons par Cormicy et Sapigneul. Le 10, nous sommes dans le bois de La Chapelle. La neige tombe. Il fait froid et c'est dans un gourbi, à genoux, les mains gelées que j'écris ces lignes. Le temps est triste et j'ai le cafard... Le 13, je rentre à l'infirmerie de Cormicy pour une blessure au pied droit. Le 31, je sors et je reprends ma place à la section.
Le 3 avril, nous arrivons à Gernicourt. Le 5, je suis de garde sur le pont du canal parallèle à l'Aisne, le site est merveilleux. Le 6, je rentre à nouveau à l'infirmerie de Cormicy pour le mal au pied qui n'est pas tout à fait guéri. Le 26, la compagnie quitte Cormicy et je sors de 1'infirmerie. Venus en voiture jusqu'à Ventelay, nous embarquons en camionettes et descendons à Jonchery-sur-Vesle. De là, nous partons à pied à Vandeuil. Pour la première fois depuis 6 mois, nous nous trouvons dans un patelin non bombardé. Il fait un temps splendide et sans crainte des "marmites", nous parcourons la campagne plantée de cerisiers en fleurs et de vignes.
Le 1er mai, en ballade dans un bois, nous rapportons du muguet. Le 5, nous partons à 5 heures. Nous passons à Mourges, Courville et Serzy, où nous avons repos. Le 9, à 14 heures, nous partons à Jonchery-sur-Vesle, où nous embarquons à minuit pour aller, soi-disant à Dijon. Le 10, nous passons à Noisy-le-Sec et revoyons Paris. Nous prenons une ligne du Nord. Nous rencontrons dans notre voyage plusieurs trains de blessés. A 5 heures, nous débarquons à Amiens. Là, nous prenons des autos qui nous mènent à Bavincourt où nous trouvons un cantonnement assez bon pour nous y reposer.
Le 13, nous quittons Bavincourt à 6 heures du soir et nous arrivons mouillés et très fatigués à Haute-Avesnes, d'où nous repartons le 15 pour Aix-Noulette, pays bombardé. Après le repos, nous nous rapprochons de plus en plus des premières lignes. Les jours suivants, nous les passons dans les tranchées de Notre-Dame-de-Lorette. Le 19, je suis blessé d'unéclat d'obus au bras gauche. Le lendemain, je reçois les premiers soins à l’ambulance de Noeux-les-Mines, que je quitte le soir pour être évacué vers une des­tination inconnue. Le 23, j'arrive à l’hôpital de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). J'y retrouve Arthur, mon cousin, fils d'Adolphe Colin (2C10F, page 44).
Le 7 Juillet, je quitte l'hôpital pour Bordeaux. J'en pars le 8, lesté d'une permission de 8 jours. En route pour la Normandie ! ! ! Le 10, avec une grande joie, je retrouve le logis familial, après 11 mois d'absence.
Le 19 Juillet, je rejoins le dépôt de Bernay, où je retrouve plusieurs copains qui avaient été blessés avec moi.
Le 19 août, je pars pour le front avec un renfort destiné au 52ème. Le 22, nous débarquons aux Islettes, près de Clermont-en-Argonne que nous traversons. Une grande partie de ce pays est en ruine. Nous nous rendons dans un cantonnement à la Grange Lecointe, grande ferme isolée au bord de la forêt d'Argonne, à 17 kilomètres des lignes.
Le28, nous rejoignons le 52ème. A midi, nous sommes en pleine forêt et nous sommes répartis dans les compagnies. Je suis, avec Arthur, affecté à la 11ème que nous allons rejoindre dans les tranchées de 2èmes lignes qui se trouvent en plein bois. Les balles sifflent. Beaucoup d'arbres sont fauchés par les obus. Il n'y a pas d’abris ; nous couchons sur les banquettes de tir, abrités par nos toiles de tente, c'est la misère qui recommence !
Du 29 août au 2 septembre, nous travaillons aux défenses accessoires et faisons de la terrasse. Le 3, nous montons en première ligne. Notre place est minée. Nous nous amé­nageons une nouvelle place, où nous couchons toujours à la belle étoile. Les jours suivants, l'artillerie gronde, les fusillades crépitent. Le 8, à 6 heures du soir, noua faisons sauter les mines sous les tranchées ennemies, tremblement terrible !
Les fusillades se déchaînent et le bombardement commence. On ne voit que poussières et fumées sur la tranchée. L'ennemi essaye d'attaquer, mais il est facilement repoussé. Notre escouade est désignée pour défendre la tranchée. De garde avec Arthur (2C10F), nous faisons la navette, nous tirons un peu partout et lançons des pétards. Exposés à l'avance de l'ennemi, ces heures de garde sont longues. Mais il faut tenir et nous tenons. Jamais je n'avaistant brulé de cartouches. A 3 heures du matin, nous sommes relevés pour aller au repos. Au cours de ces 6 jours la compagnie a eu de nombreux blessés et 8 morts dont notre officier.
Le 9 septembre, nous arrivons au cantonnement "Monhoven", un baraquement en planche, en forêt, à 5 km des lignes. Le lendemain, nous travaillons en forêt. Notre ordinaire est amélioré et nous touchons du vin en supplément.
Le 12, nous nous rendons, à 10 heures, au cimetière de la “Forestière” qui compte 870 tombes, pour rendre hommage à nos frères d'armes disparus. Le Général de division y assisteet, dans un discours, nous laisse entendre que la fin de la guerre est proche.
Le 15, nous partons dans la nuit pour avancer en réserve. Nous arrivons à 4 heures du matin dans un ravin à 1.500 mètres des lignes. Les obus n'y tombent pas. Nous avons de petites guitounes remplies de poux. Du matin au soir, nous creusons des boyaux d'évacuation en arrière des premières lignes. Nous suspendons les travaux car l'ennemi envoie des obus dans notre direction. Nous passons une nuit tranquille, embêtés seulement par les poux qui nous sucent un peu. Jusqu'au 20, nous travaillons à la réfection des tranchées.
Le 21, nous arrivons en tranchées de réserve entre les premières et les secondes lignes. Nous occupons une cabane sous terre, assez bien protégée, que nous serons bien aises de retrouver les jours suivants. Nous sommes là, proche des premières lignes, pour renforcer, en cas de besoin, la 12ème Compagnie. Les jours suivants se passent à travailler ou à jouer aux cartes. On commence à faire circuler les tuyaux les plus divers sur l'offensive qui doit se développer en Champagne ! En attendant, dans notre secteur, le 23, nous assistons à un duel d'artillerie continuel. Un obus boche tombe à 3 mètres en arrière de notre gourbi. Pendant ces bombardements, nous restons à l'abri à jouer aux cartes. Le jour suivant, nous entendons de plus en plus le canon gronder en Champagne. Nous commençons à croire à l’offensive. Nous sommes prêts à partir en cas d'attaque. Les Allemands bombardent toujours mais notre artillerie n'est pas fatiguée.
Le 25, une marmite tombe à quelques mètre de nous et nous envoie des pierres dans la "maison". On fait ramasser les couvertures, pour lester nos sacs ! On parle d'at­taque ! On nous dit que notre progression on Champagne s'étend sur un front de 15 km sur 5 km en profondeur. En attendant, nous partons pour la nuit en réserve des pre­mières lignes. La nuit passée sans incident, nous rentrons dans notre abri. La jour­née du 26 septembre semble vouloir être plus calme. Notre partie de carte est interrompue par l'arrivée d'un copain de liaison qui annonce la prise, par nos troupes, de 11.000 prisonniers allemands. Ébahissement général de la carrée. Nous sommes toujours prêts et attendons. On parle d'attaques pour demain.
Le 27, nous avons travaillé une partie de la nuit et, à 5 heures du matin, nous prenons le jus lorsque nous sommes dérangés par quelques obus boches. Nous rentrons dans la cabane pour nous reposer. Certains se mettent à jouer à la manille. Vers 8 heures, les boches commencent à bombarder et, plus ça va, plus le bombardement prend d'intensité. Nous nous méfions d'une attaque et, comme nous sommes en réserve, nous nous tenons prêts à partir au premier signal. A 10 heures, nous recevons l'ordre de nous porter en renfort en première ligne ! Sous le bombardement, nous y parvenons sans accident. Les tranchées bombardées sont à demi retournées. Les torpilles tombent partout ! Attention à gauche ! Attention à droite ! C'est pour nous !…On les évite le plus possible ! La pluie se met à verser ; nous sommes dans la boue. On ne voit plus rien par la fumée ! Au petit bonheur ! ! ! Un obus arrive dans le parapet qui s'écroule. Notre escouade est prise entre deux éboulements. A midi, les boches sortent et attaquent. Nous en fusillons. Ils s'arrêtent ; nous lançons des pétards mais, bientôt, nous n'en aurons plus et nous ne sommes plus en communication avec l’arrière. Les Allemands avancent partout ; la position devient intenable, il faut l'abandonner ! Nous passons par dessus l'éboulement, en terrain découvert ; les boches tirent mais ne tuent per­sonne. Nous gagnons le boyau qui nous mènera en 2ème ligne ; il était temps : l'ennemi a pris notre place. Nous rejoignons les copains et attendons ce que les boches vont faire ! Ils essayent de sortir pour aller plus loin mais, cette fois, il y a du monde et chaque fois qu'ils tentent une avance, ils sont obligés de se replier. Ma musette qui contenait pas mal de trucs est restée en première ligne. A 3 heures de l'après-midi, les renforts arrivent ; nous faisons plusieurs contre-attaques et reprenons la presque totalité de nos positions. Nous lançons des grenades mais l'ennemi nous en retourne certaines. Je suis blessé ; je pars le soir à l'infirmerie de Monhoven.
Le 30 septembre, je rejoins la compagnie au ravin des "Cuisines".Après quelques travaux dans les tranchées, le 4 octobre, nous restons au repos dans un village voisin ; je revois un peu de civils et bois un coup de vin.
Le 5 octobre, nous remontons en premières lignes où noustrouvons des tranchées nouvellement faites. Les traditionnelles 12 heures de garde sur24 sont troublées parquelques marmites. Le 11, nous revenons au ravin des "Cuisines". Dansles jours qui suivent, nous travaillons à diverses tâches : installations téléphoniques dans les boyaux, corvées de rondins, de rails et de matériel de défense.
Le 17, nous retournons en premières lignes, secteur assez mouvementé. Les jours suivants, nous effectuons plusieurs missions à 7 mètres de l'ennemi. Notre caporal fourrier est mortellement blessé par une torpille.
Du 23 au 28, un peu à l'arrière, nous alternons repos et terrassements. Le 29, nous remontons en réserve dans une guitoune pépère, avec du feu. Mais à l'extérieur, l'eau tombe, les boyaux sont pleins d'eau, par place jusqu'à 30 cm. Le 3 novembre, nous partons en soutien dans le ravin de la "fille morte", où nous trouvons un bon gourbi. Le 10, nous partons pour Clermont-en-Argonne, l'étape sera dure, il fait un vent épouvantable. Nous avons 15 km à faire. Au bout de 5 km, l'eau se met à tomber ; avec le vent, la pluie chasse. Après 4 heures de marche, nous arrivons trempés au cantonnement de la "Tuilerie".
Du 11 au 21, alternance de repos et de corvées alors que le mauvais temps persiste : vent, neige et froid. Le 22, nous visitons le parc d'aviation ; plusieurs aviateurs sont prêts à prendre le vol. Dans la journée, des boches viennent survoler la ville et lâchent des bombes destinées aux hangars d'aviation et à l'hôpital, mais elles manquent leur but.
Le soir du 22, à 18 heures, nous partons. Le 23, nous arrivons au baraquement "Lénard". Lelendemain et les jours suivants, la pluie ne cesse de tomber. Les boyaux et les tranchées sont inondées ; nous n'avons pas d'abri. Les quelques entrées de sapes sont pleines d'eau. Nous passons les heures de repos assis sur nos sacs, les pieds à la trempette. De plus, le coin n'est pas bon : les balles y rappliquent ; plusieurs fois en six jours, les Allemands nous lancent des obus lacrymogènes. Le 10 décembre, il en est tombé un prés de moi, je l'échappe belle mais plusieurs copains sont blessés.
Le 11 décembre, exténués, nous arrivons à Monhoven à 3 heures du matin. La pluie n'ayant cessé de tomber, nous sommes trempés car nous sommes passés dans des boyaux où l'eau nous montait 10 cm au-dessus du genou.
Du 12 au 16, nous sommes au repos à Lochère. Dès le 17, près de "La Source", nous retrouvons les tranchées et les obus. La neige tombe mais nous avons une bonne cabane avec du feu, nous y chantons et jouons aux cartes. Nous y oublions les heures que nous passons dans les tranchées. En réalité, nous attendons avec impatience la relève. Le jour de Noël fut bien triste.
Le soir du 29, c'est avec joie que nous prenons la route de Clermont-en-Argonne où nous arrivons le 30, à 5 heures du matin, dans un cantonnement assez propre. Pour la première fois, nous y disposons de paillasses. C'est la bonne vie pendant ce repos de 6 jours, au cours desquels nous sommes vaccinés.
Le 1er janvier 1916 se passe en fête. Le 2, je me rends à Parois voir mon copain BOUTELOUP. Nous passons un bon moment ensemble.
Le 4, nous repartons et arrivons le lendemain matin au ravin des "Cuisines". Un dur travail nous y attend : corvée de matériel, terrassements, ... Nous avons du mal et à peine le temps de manger.
Le 10, nous remontons en première ligne ; les bombardements deviennent de plus en plus terribles. Nous sommes dans un coin où les obus de mortier (minen) tombent en quantité. Le 11, les Allemands font sauter une mine, près de notre secteur, et tentent d'occuper 1'immence entonnoir après nous avoir bombardés. Nous croyons à une attaque comme le 27 Septembre, mais le bombardement s'arrête et cette tentative n'a pas de suite. Au cours de cette opération, un obus est tombé sur l'entrée d'une sape de notre section, sur 9 camarades qui s'y trouvaient, 7 sont touchés dont 3 mortel­lement. Il nous tarde d'être relevés car la place est bien mauvaise. Un petit éclat m’a légèrement touché la main.
Le 16, bien heureux, nous arrivons au repos à Monohven. C'est la tranquillité pendant quelques jours.
Le 21, à Lochère, je rejoins ceux désignés pour la signalisation. Je commence à apprendre la télégraphie Mors....
Le 22, à partir de ce jour… »
 
Le carnet de Robert COLIN se termine là, mais sur des photos, on le retrouve, le 10.05.1916, en forêt d'Argonne, et le 16, dans les bois de Monhoven. Vraisemblablement, pour lui, depuis ce jour du 22.0l.1916, en passant dans les transmissions, et n'étant plus en contact direct avec l'ennemi, en quelque sorte, sa campagne était terminée.
 
Il fut démobilisé le 12.09.1919, à Orléans et regagna Condé-sur-Risle où demeuraient ses parents. Il se maria le 13.08.1921 à Berville-en-Roumois avec Juliette (dite Andrée) QUESTE, couturière née dans ladite commune le 30.07.1894. Le couple habita Elbeuf où Robert était employé à la banque Béranger.


Retour au tableau
Retour à l'accueil